Un secret personnel, qu’il soit noble ou vilain, peut être partagé avec des êtres qui nous sont chers et à qui nous donnons ainsi notre confiance. Mais parfois, le secret personnel se cache à nos propres yeux, tellement il est enfoui dans les profondeurs de notre conscience pour atteindre notre subconscient. Ce secret-là, je l’appellerai dorénavant le secret insaisissable, en opposition au secret ordinaire, celui que l’on décide de divulguer ou non. Un secret insaisissable peut entraîner un état de mal-être et nuire à la santé mentale et physique. La personne qui détient un tel secret aura du mal à le faire remonter des ténèbres, et par conséquent, à se libérer de sa souffrance.
Nous avons probablement tous notre jardin secret, parsemé de secrets ordinaires plus ou moins beaux, une sorte d’éden dans lequel nous aimons parfois nous balader par la voie de notre imagination, et sourire à certains vécus du passé qui ont construit notre personne.
Mais pour d’autres, ce jardin s’apparente à un champ de bataille, constitué tantôt de secrets ordinaires, mais blessants, tantôt de secrets insaisissables.
Dans le cas de secrets ordinaires blessants, les personnes vivent par exemple différentes formes de violences et de persécutions dans le silence de leur quotidien familial, relationnel ou professionnel. Ces traumatismes totalisent un grand nombre de secrets lourds à porter, et qui en même temps sont difficiles à confier à des tiers, même s’ils sont bien conscientisés. En effet, les victimes pourraient dévoiler leurs secrets, mais n’osent pas, par crainte de représailles de la part de leur agresseur, ou encore, par un sentiment de honte ou de culpabilité. C’est souvent le cas chez les personnes sous emprise, comme les femmes battues ou les victimes de harcèlement au travail.
Quand il s’agit de secrets insaisissables, je pense à tout ce qui peut générer un stress post-traumatique : dans le décours de l’événement potentiellement traumatique, la victime a vécu le sentiment que sa vie a été menacée et qu’elle aurait pu mourir, comme lors d’un attentat ou d’un braquage. Mais de manière plus subtile, cette forme de stress peut également prendre une tournure dépassée lorsque le fait traumatisant met en péril l’intégrité existentielle dans un sens beaucoup plus large, et pas le simple fait de pouvoir rester en vie. Pour illustrer ceci, les attouchements et attentats à la pudeur chez de jeunes enfants tuent les victimes d’une certaine façon, dans ce qu’elles sont en tant que petites filles ou petits garçons. Qui plus est, le lien envers le prédateur s’avère de facto asymétrique et donc toxique lorsqu’il s’agit d’un parent ou de tout autre membre de la famille ou encore du cercle de connaissances supposé être bienfaisant. Quant aux victimes ayant survécu à un viol, elles sont pourtant mortes dans leur identité existentielle. Pour ces personnes, tout se passe comme si le champ de bataille dont il était question plus haut était laissé en friche dans leur mémoire émotionnelle, afin de ne pas revivre le martyr qui les a déconstruites. Au niveau neuropsychologique, ce phénomène résulte d’une sorte de court-circuit protecteur, bloquant toute interaction entre d’une part, le cerveau cortical capable de conscientiser et d’exprimer, et d’autre part, une partie du cerveau limbique, appelée l’amygdale, détentrice de la mémoire émotionnelle. Ainsi, les émotions post-traumatiques sont gardées prisonnières dans cette zone du cerveau : les victimes ne sont pas capables de les représenter, mais l’impact nocif sur leur existence est majeur. La souffrance est ressentie et portée au quotidien comme un lourd sac à dos, mais demeure sans véritable verbalisation, même si la victime n’a pas pour autant perdu la mémoire de l’événement traumatisant.
Dès lors, faut-il s’étonner, lorsque notre cerveau n’ose pas (secret ordinaire blessant) ou ne peut pas (secret insaisissable) exprimer une souffrance émotionnelle profonde, que celle-ci s’auto-exprimera bien volontiers par le vécu des symptômes de stress traumatique ou post-traumatique, ainsi que par le biais du langage corporel ? J’illustre ce phénomène avec une métaphore : lorsqu’une évacuation est obstruée, l’eau s’infiltre partout là où elle le peut.
S’ensuivent ainsi différentes formes d’affections psychiques et somatiques dont l’étiologie n’est, de prime abord, pas évidente : par exemple, une dépression survenant malgré un contexte prospère, un trouble dissociatif où la personne, sans crier gare, se détache de soi et de son environnement, l’abus d’alcool ou la consommation de drogues sans raison compréhensible, ou encore, la fibromyalgie ou la polyenthésopathie à laquelle s’intéressent autant les rhumatologues, neurologues, anesthésistes que les psychiatres.
Il y a aussi les maladies qui connaissent des fluctuations selon l’état de stress, comme par exemple, l’eczéma, l’ulcère d’estomac et les colopathies fonctionnelles, sans perdre de vue que le stress peut aussi altérer l’état d’immunité et favoriser l’apparition de maladies auto-immunes1.
Et enfin, il y a regrettablement des hommes et des femmes qui portent atteinte à l’intégrité de leur propre corps, de manière compulsive ou impulsive, dans le but d’échapper à leur détresse émotionnelle en se concentrant sur la douleur physique qu’ils s’infligent. Parfois, ces automutilations se déroulent en cachette et s’effectuent sur les parties du corps dissimulées par les vêtements.
Avant de poursuivre, je tiens à formuler deux remarques importantes. Premièrement, ce n’est pas parce que l’origine d’une affection est difficile à expliquer qu’il s’agira nécessairement d’une maladie ayant pour origine un psychotraumatisme. Deuxièmement, ce n’est pas parce qu’une maladie est qualifiée de psychosomatique que les personnes qui la présentent ne souffrent pas réellement dans leur corps. De tout ce qui précède, il incombera au médecin de faire la part des choses.
Dans ma pratique, j’ai été particulièrement sensibilisé par le grand nombre de femmes qui, au cours de leur existence, ont été victimes d’attouchements sexuels, d’incestes, de viols ou de violences conjugales. En toute transparence, et sans avoir enregistré des chiffres à des fins statistiques sur le sujet, je suis arrivé à ma propre conclusion que près d’un tiers des femmes chez qui j’ai pris la peine de pousser un peu plus loin mes investigations ont connu de telles agressions. Je reviendrai plus loin dans l’article sur la notion d’investigation. J’ai également pu compter des victimes masculines, mais selon moi, dans des proportions significativement moindres.
En parallèle, nous pouvons constater qu’un grand nombre de symptomatologies et de maladies, notamment celles citées plus haut, sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Par exemple, la fibromyalgie ou la polyenthésopathie, cette maladie invisible, mais invalidante, toucherait jusqu’à 9 femmes pour 1 homme2; l’automutilation s’observe jusqu’à 7 femmes pour 3 hommes3.
Même si les causes d’un grand nombre de ces maladies sont mal connues, hypothétiques ou multifactorielles (facteur génétique, hormonal, environnemental, …), il n’en demeure pas moins qu’il est tentant de vouloir établir un facteur d’aggravation voire une relation de cause à effet entre ces formes de violences et l’état de santé des victimes, féminines pour la majorité, qui ne relient pas toujours d’elles-mêmes leurs symptômes aux agressions dont elles furent la proie.
Vous l’aurez compris : de nombreuses femmes, et dans une proportion moindre, les hommes, portent en eux une histoire lourde et indicible, potentiellement responsable de nombreux maux pour lesquels ils n’ont pas de mots.
Mais comment libérer ou faire libérer un tel secret, soit-il ordinaire blessant ou insaisissable, et en ouvrir les portes lourdes et opaques ? Que l’on soit une personne de confiance proche de la victime, thérapeute (médecin, psychologue ou tout autre professionnel de la santé), ou encore, toute personne exerçant une profession visant à apporter de l’aide aux victimes (policier, avocat, …), il importe de savoir comment aider la victime dans le respect du rôle et des compétences de chacun, de sorte que la lumière puisse être faite sur ce qui a causé ses souffrances, avec l’espoir de l’en guérir.
Savoir que toutes ces formes de violence existent, savoir qu’elles sont beaucoup plus fréquentes qu’on ne pourrait l’imaginer, savoir qu’elles surviennent dans tous les milieux, même les plus inattendus sous prétexte qu’ils sont privilégiés au niveau socioculturel. Savoir, comme montré plus haut, à quel point les secrets ordinaires blessants et les secrets insaisissables peuvent provoquer des dommages psychiques et physiques profonds.
Savoir tout cela, tant et si bien que l’on osera investiguer plus loin, quand bien même la question est délicate et touche à la sphère intime de la victime. Il s’agit bien d’oser investiguer, car à ce stade, ce n’est qu’en toute hypothèse que la victime peut être qualifiée en tant que telle, sauf si elle vous montre un point noir dans la paume de sa main.
Point noir dont il importe de connaître la signification, et même de la faire connaître autour de soi. La campagne #blackdot ou #lepointnoir a été lancée le 25 novembre 2018 et en donne la définition4 suivante : le point noir est un code de détresse destiné aux victimes de violence sous emprise. Il se montre discrètement à une personne choisie, à un moment choisi et est un appel à l’aide. La personne qui aperçoit ce code a pour mission d’aborder la victime discrètement afin de l’aider à s’orienter vers des professionnels. Il s’agit donc de personnes qui portent en elles un secret ordinaire blessant tel que je l’ai défini au début de l’article. Au contraire, les personnes porteuses d’un secret insaisissable s’exprimeront de manière subconsciente par un état de stress et par le langage corporel auxquels il conviendra d’être attentif.
Imaginez une victime qui aimerait pouvoir se confier, mais qui n’ose pas, par crainte, par honte, ou parce que tout est confus dans son esprit. Face à elle, un confident ou un professionnel de la santé qui se montre peu disponible, qui est centré sur ce qui est visible, palpable ou compréhensible pour lui. Aucune chance qu’elle puisse se faire entendre, ni aucune chance qu’il puisse gagner sa confiance.
Empathie, respect et bienveillance sont les trois clés pour ouvrir à la victime la voie de la parole. Si nous adoptons une telle attitude, nous serons peut-être la toute première personne à pouvoir repérer des éléments qui s’avéreront pertinents pour la suite.
Lorsque la souffrance et le mal-être ne peuvent pas trouver une explication évidente organique, biologique ou dans la sphère psychique, il est tentant pour l’entourage de nier ou minimiser, et de penser que cela s’améliorera avec le temps. Quant au médecin, il sera souvent sollicité pour prescrire un antidouleur, un spasmolytique, un anxiolytique ou un antidépresseur, bref, quelque chose qui soulagera le mal. En vain.
C’est précisément ici que doit s’opérer un déclic dans l’entourage de la victime ou chez le professionnel de la santé. Se poser la question s’il n’y a pas une blessure profonde, indétectable à première vue, faisant l’objet d’un secret ordinaire blessant ou d’un secret insaisissable. C’est alors s’accrocher à l’incompréhensible pour faire remonter la vérité en investiguant plus loin.
C’est maintenant que vient le moment le plus délicat. Comment aborder une personne devant soi, potentiellement victime, sans avoir aucune certitude qu’elle a, primo, réellement un vécu traumatique, et secundo, qu’elle est disposée à en parler ici, maintenant et avec soi ?
Si l’on pose directement la question suivante : avez-vous été violé(e) lorsque vous étiez plus jeune ? Il y a tout à parier que la personne vous répondra non, et tout se terminera là.
L’astuce consiste à poser la question de manière indirecte, mais sans tourner autour du pot, tout en expliquant son contexte. C’est une manière de vous montrer ouvert au dialogue sans l’imposer à la personne face à vous.
Un médecin pourrait par exemple annoncer à sa patiente que malgré les examens réalisés, il ne trouve pas vraiment d’explication à son mal. Ensuite, il fera savoir qu’il y a des blessures qu’on n’arrive pas à exprimer ou à divulguer, mais que le corps peut le faire. Ensuite, il dira à sa patiente qu’il va lui tendre une perche en donnant un exemple concret sans qu’elle se sente obligée de réagir ou de répondre que c’est son cas, ou pas. Il poursuivra alors en disant qu’il y a de nombreuses femmes qui, dans leur passé, ont été victimes d’attouchements ou de viols, et qu’elles ont été blessées tellement profondément qu’elles ne peuvent pas l’exprimer avec leurs mots, et que c’est leur corps qui parle. Il terminera en disant à sa patiente que si elle pense être dans cette situation, comme ces autres victimes, que c’est important pour elle de pouvoir se confier un jour à quelqu’un en qui elle a confiance, et que cela ne doit pas être nécessairement ni lui ni maintenant.
Si la personne ne réagit pas ou vous répond que ce n’est pas son cas, il ne faut pas insister et lui demander si elle pense à d’autres formes de traumatismes.
Alors que faire si la personne vous dit qu’effectivement, elle vit ou a vécu une forme de violence ? Il est important de pouvoir écouter la victime, et selon sa situation, de l’orienter vers les bons profils de compétences : nécessité de mesures de protection, prise en charge psychothérapeutique, conseils juridiques en droit familial ou en droit du travail, intervention d’un travailleur social, suivis médicaux, etc.
Les violences sont nombreuses et revêtent différentes formes. La souffrance qu’elles entraînent est lourde et souvent inexprimable. Par conséquent, les violences ne sont pas assez connues et sont trop souvent banalisées.
Un minimum de prise de conscience de cette problématique et de ses conséquences par tout un chacun permettra, osons l’espérer, de réduire leur incidence et de nous rendre suffisamment attentifs, au quotidien, à tout appel au secours, fût-il silencieux…
Texte rédigé par Philippe Marneth
(1) Stress, immunité et physiologie du système nerveux
(2) Haute Autorité de la Santé : rapport d’orientation sur la fibromyalgie
(3) Automutilation : ressentir la douleur physique pour échapper à la détresse émotionnelle
(4) lepointnoir.com
Là où il y a de l’humain, il y a de la musique. Vous pouvez l’écouter partout sur la planète sans devoir recourir à un interprète. À l’aide d’extraits sonores, cet article illustre 21 manières de pouvoir s’accorder, quelles que soient votre langue, votre culture et vos compétences musicales. Une expérience unique et originale. Je vous souhaite un très agréable moment d’écoute…
Selon Marcel Proust dans La Prisonnière, la musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être la communication des âmes s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots ou l’analyse des idées.
Quel est donc ce miracle, et à partir de quand les vibrations acoustiques sont-elles musique et non bruit ? Un chat qui se hasarde sur le clavier d’un piano crée-t-il de la musique ? Sans doute que non, et si la musique représente le langage des âmes, la définir paraît un exercice vraiment difficile tant elle renvoie à la complexité de notre nature dans ses multiples aspects neurosensoriels, rationnels, émotionnels et spirituels. Je vous invite plutôt à un tour d’horizon avec 21 expériences concrètes, afin de vous permettre d’en percevoir les différentes dimensions. À vos écouteurs !
Quelques conseils avant l’écoute des plages musicales : pour éviter une cacophonie, mettre l’écoute sur pause avant de passer à la lecture du morceau suivant (en cliquant sur la partie gauche du lecteur) ; appuyer sur la croix en haut à droite pour faire disparaître l’invite de Spotify et voir réapparaître la référence du morceau ; de simples écouteurs permettent d’apprécier mieux la diffusion stéréophonique ; ne pas hésiter à écouter l’extrait proposé pendant la lecture du texte correspondant ; la musique est multidimensionnelle et s’apprécie en écoutant séparément chaque note, chaque timbre de voix ou d’instrument, chaque accord, chaque tempo ; et pour terminer, en écoutant les extraits grâce aux widgets de la plateforme Spotify, vous acceptez les conditions générales de ladite plateforme que vous pouvez lire en cliquant sur le lien suivant : Widget Terms of Use
Au risque de vous surprendre, commençons par le silence. Mais attention, le silence absolu n’existe pas sur terre. En effet, une ambiance calme perçue comme silencieuse représente malgré tout 30 à 40 dB. Il y a donc « matière » à écouter le silence.
Le silence a un effet bénéfique sur le stress, et permet de méditer, d’écouter sa musique intérieure, et par l’introspection, de communiquer avec son âme.
Illustrer le silence avec une plage sonore serait absurde. C’est pourquoi je vous propose d’écouter ce qu’on appelle un bruit rose. Il est parfois utilisé comme thérapie sonore pour étouffer la perception des acouphènes chez des personnes réellement perturbées par des sifflements ou bourdonnements d’oreille.
Elles sont tellement variées et s’offrent gratuitement à nos oreilles dès que nous nous éloignons des villes. Tantôt de source animale comme les chants d’oiseaux, tantôt provoquées pas des phénomènes physiques comme l’épanchement des vagues de la mer, elles sont pour la plupart apaisantes. Nous pouvons être touchés par le bruit des arbres : en forêts ou solitaires, leurs mélodies nous parlent… Parfois les manifestations sonores de la nature nous font craindre leur force, à l’instar d’un coup de tonnerre ou de l’éboulement d’une avalanche.
Laissez-vous emporter quelque temps par la douceur et les vertus relaxantes des gazouillis d’oiseaux dans l’extrait ci-dessous…
La musique s’écoute également par la peau ! Les pizzicati dans les notes graves d’une contrebasse procurent une sensation de résonance dans le corps et confèrent à certains morceaux de jazz ou de musique classique une dimension profonde et chaleureuse. Les bols tibétains diffusent eux aussi leurs vibrations sonores à travers le corps lorsqu’ils sont utilisés pour un massage sonore bienfaisant.
Le rythme est une musique en soi. D’ailleurs, la discographie révèle un répertoire important d’oeuvres pour percussions seules. Les variations rythmiques de frappes, chocs et battements d’objets ou d’instruments peuvent nous emporter, et même nous envoûter. Nous pouvons éveiller un enfant à la musique dès son plus jeune âge, à l’aide de jouets sous forme de hochets, maracas et petits tambours, ou plus simplement, en le laissant frapper des objets familiers.
Tous les genres musicaux sont susceptibles d’exploiter les empreintes rythmiques, et certains peut-être plus que d’autres, comme les musiques africaines et orientales. L’extrait ci-dessous reprend une composition de Brent Lewis qui a traversé l’Afrique pour y étudier les racines de la musique africaine.
C’est probablement celle qui vient à l’esprit en premier lieu lorsqu’on évoque la musique. Une mélodie peut se jouer ou être chantée une seule note à la fois. Elle se mémorise d’ailleurs assez facilement. Certaines sont tellement populaires et ancrées dans notre mémoire collective que peu de gens se demandent encore qui en sont les compositeurs officiels.
Connaissez-vous par exemple la petite chapelle à Oberndorf en Autriche ? Elle commémore un chant de Noël célèbre, composé sur un accompagnement de guitare en 1818 par Franz Xaver Gruber. Cette mélodie a fait rapidement le tour du monde et l’oeuvre est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je vous propose d’en écouter une version pour illustrer combien une mélodie peut être douce et communicative.
Trois petites notes suffisent à elles seules pour susciter des résonances émotionnelles différentes selon qu’elles forment un accord en mode mineur ou majeur. Une coloration mineure ouvre son monde intérieur et inspire un sentiment de douceur, de tendresse, de mélancolie, d’inassouvissement, et parfois de tension et d’orage. La tonalité majeure, plus extravertie, nourrit quant à elle une sensation de soulagement, d’allégresse, d’accomplissement et de grandeur. De toute évidence, l’humain est sensible au discours harmonique.
C’est ici l’occasion de rendre hommage au compositeur Franz Schubert qui, sur le plan harmonique, oppose de manière constante les modes mineur et majeur. Ce faisant, il démontre la magnificence des modulations musicales.
Des mélodies distinctes peuvent se mélanger et former des accords harmonieux. Vous rappelez-vous avoir jamais chanté Frère Jacques sous forme de canon, où chaque voix répète exactement la même chanson de manière différée ?
Dans Rigoletto de Giuseppe Verdi, il y a dans le 3ème acte un quatuor resplendissant, constituant d’ailleurs un florilège des oeuvres d’opéra. Chaque voix apporte sa caractéristique musicale propre, et l’ensemble vous procure de véritables frissons au moment de l’apogée. L’extrait suivant vous permet d’écouter Bella figlia dell’amor à votre guise, en vous focalisant lors de chaque écoute sur une voix en particulier pour votre plus grand plaisir.
Dissonance ne signifie pas nécessairement cacophonie. Au contraire, elle peut alimenter des envolées lyriques et romantiques, exprimant à sa façon les tourments de l’âme, ou encore, l’opposition entre ce qui est espéré et la réalité. À ce titre, les Vier Letzte Lieder (Quatre Derniers Chants) de Richard Strauss peuvent être une découverte particulièrement belle et intéressante. Je vous en propose un extrait…
Chacun a son histoire gorgée de souvenirs heureux et de chagrins. Une personne, un lieu, une circonstance… Notre mémoire émotionnelle est ainsi faite : une musique entendue par hasard à la radio ou dans une boutique est capable de faire resurgir instantanément, comme par magie, une réminiscence enfouie au plus profond de soi, et nous faire plonger automatiquement dans le passé.
Il est impossible d’illustrer ceci par un exemple universel, car chaque personne dispose de ses propres expériences émotionnelles.
J’ai choisi l’extrait que voici pour rendre hommage à Charles Aznavour, un auteur et compositeur capable d’interpréter ainsi son titre « La bohème« , au point de réveiller en nous – surtout les moins jeunes – un sentiment de tristesse causé par l’éloignement de notre jouvence , car « la bohème, ça voulait dire… on a vingt ans… ».
N’avez-vous jamais fredonné une mélodie selon votre état d’humeur ? Oui, la musique peut sublimer un sentiment de joie ou de tristesse, et on peut aussi l’aimer dans sa solitude comme une tendre amie ou en guise de ressourcement intérieur.
La musique permet aussi de s’évader ou de se relaxer, et nous fait ressentir des émotions si différentes selon l’instant ou le morceau choisi. L’extrait suivant a été joué comme finale d’une pièce de théâtre où les deux protagonistes dansaient dans la joie de leur amour et complicité.
La musique n’est pas une personne, et pourtant, elle est capable de distiller des émotions, parce que l’être humain y fait résonance. Sur grand écran, elle occupe une place importante, et bien souvent, on se souvient d’un film car on a aimé sa musique, et surtout l’émotion qu’elle a sublimée en soi. Ainsi, elle confère à l’image, au thème et à l’espace une dimension supplémentaire en les amplifiant par le biais d’un langage émotionnel. Les producteurs d’émissions radiodiffusées ou télévisées l’ont bien compris : ils consacrent tout le budget et le soin nécessaires pour le générique musical de l’émission qui devient en quelque sorte la signature de leur programme.
Radu Mihaileanu, le réalisateur du film « Vas, vis et deviens », a été bien inspiré en confiant à Armand Amar la composition de la musique de ce long-métrage véritablement poignant, racontant l’histoire d’un jeune garçon séparé de sa mère et de son pays, perdant ainsi ses racines les plus profondes… Dans cet extrait, les notes graves du violoncelle illustrent de manière déchirante les larmes silencieuses, tandis que les notes plus aiguës du violon représentent les lamentations de l’âme, le tout étant rythmé par les pizzicati d’une contrebasse pour évoquer les battements d’un coeur affligé.
Une humeur n’est pas une émotion en tant que telle. Isabelle Filliozat, dans son ouvrage « Que se passe-t-il en moi ? » définit l’humeur comme un état passager, une ambiance affective qui colore le vécu et qui dure de quelques heures à quelques jours.
Certaines chansons nous incitent à la bonne humeur lorsqu’elles répondent à certains critères, comme l’utilisation d’une tonalité majeure (voir plus haut), l’expression de paroles positives et un rythme au tempo entraînant. Ne nous privons donc pas de l’extrait suivant :
Il est intéressant de se demander pourquoi on aime partager « ce » qu’on aime avec « ceux » qu’on aime. Peut-être est-il rassurant pour l’être humain de se sentir appartenir à un groupe ou à une communauté, et de concrétiser ce fait par différents moyens de communication. Parmi ceux-ci, le partage réciproque de morceaux de musique, et l’émotion qu’ils procurent, permettent de renforcer ses liens avec son « clan ». Pour les mêmes raisons, et cela concerne aussi d’autres domaines comme l’habillement ou la décoration, certaines personnes accordent de l’importance à ce qui est « tendance », un mot cher au marketing. Dans ce qui précède, le plus important n’est-il pas de rester soi-même et de déterminer pour son propre chef ce qui est de « bon » ou de « mauvais » goût, et de forger ainsi sa personnalité ?
Avec leur titre « Despacito » (2017), Luis Fonsi et Daddy Yankee ont ainsi battu le record absolu sur Youtube, avec pas moins de 7 billions de vues, de quoi surpasser largement Whitney Houston, avec sa chanson « I will always love you » (1992) qui a atteint récemment 1 billion de vues (source Billboard , publiée le 27/10/2020).
Assurément, ce single latino-américain aux paroles « caliente » et son clip vidéo ont fait l’objet d’un nombre historique de partages.
Il suffit d’écouter l’extrait suivant pour se rendre compte à quel point un spectacle en public peut enthousiasmer l’assistance. C’est bien plus que simplement y croiser des gens partageant le même centre d’intérêt. L’artiste, lui-même transporté par la chaleur du public, comme un phénomène de résonance, démultiplie les effets de sa prestation.
Comme le disait Éric-Emmanuel Schmitt au cours d’une interview accordée à Evene.fr en octobre 2005, « la musique nous aide à construire nos vies spirituelles, nous apaise, nous console, nous redonne de la joie, nous rend allègre, nous fait danser, chanter. »
Ceci est particulièrement vrai lorsque nous écoutons le chœur des moines bénédictins de Chevetogne dans l’extrait musical ci-dessous : saluons la beauté de ce chant polyphonique aux vertus apaisantes et réconfortantes.
Est-il possible de nous concentrer mieux sur nos tâches lorsque nous écoutons de la musique ? Certains diront oui, comme par exemple lorsqu’ils lisent un livre ou lorsqu’ils exécutent un travail répétitif. D’autres au contraire répondront que la musique les empêche de réfléchir, de mémoriser ou d’être créatifs. Des élèves étudient avec des écouteurs dans les oreilles, tandis que d’autres utilisent des casques anti-bruits.
Mais que nous apprennent les neurosciences cognitives sur le sujet ? Lors d’une interview accordée à Musiq3 en octobre dernier, le professeur Emmanuel Bigand, éminent spécialiste dans ce domaine, explique que « la musique active tout un ensemble de réseaux qui vont des couches corticales jusqu’à des couches très archaïques du cerveau ». Il évoque même une « symphonie neuronale » capable de produire des effets bénéfiques sur le cerveau et de « booster notre fonctionnement cognitif en général ».
En effet, le cerveau est bondé de neurones interagissant les uns avec les autres par le biais de neurotransmetteurs qui sont en réalité des médiateurs chimiques. Selon leur nature, ils peuvent avoir un effet tantôt inhibant, tantôt excitateur. Ainsi, selon Emmanuel Bigand, une musique qui nous est agréable activera les circuits de la récompense. Le cerveau libère alors de la dopamine procurant une sensation de plaisir ou de bien-être, plus favorables à la concentration que le stress ou l’anxiété. En outre, la satisfaction libère de la sérotonine, autre médiateur chimique qui favorise la concentration.
Mais on ne peut pas isoler ainsi les retentissements de nos seules perceptions auditives, encore faut-il tenir compte de l’impact de nos résurgences intérieures, comme notre mémoire émotionnelle ou notre motivation, capables d’influencer positivement ou négativement nos capacités cognitives.
Tout cela est profondément propre à l’individu à un moment donné. Somme toute, chacun est différent et apprendra par lui-même quelles sont les musiques susceptibles de lui apporter, selon les circonstances, un bénéfice en termes de concentration. Tout l’art consiste alors à ne pas se laisser envahir par ce que j’appellerais une « cacophonie neurochimique », mais de se laisser insuffler cette « symphonie neuronale » chère à Emmanuel Bigand.
Attention quand même, les paroles d’une chanson et le timbre de la voix humaine risquent plutôt de perturber votre attention : si vous devez vous concentrer, mieux vaut alors choisir une musique instrumentale ou orchestrale. Pour cette raison, j’apprécie particulièrement les œuvres du répertoire baroque aux effets généralement plus réguliers, comme dans l’exemple que voici :
Concernant les versions, j’aime comparer différentes interprétations d’une même oeuvre de musique ancienne sur base d’une partition identique. Ma préférence dépendra de plusieurs facteurs : la touche artistique de l’interprète, le tempo emprunté, la qualité de l’enregistrement, le rendu du son avec la qualité des basses, etc.
Et puis, il y a les reprises… Les chansons et pièces musicales populaires sont parfois reproduites par d’autres artistes que ceux d’origine, ce qui nous permet alors de les explorer d’une façon nouvelle, ou de préférer l’oeuvre originale. Nous pouvons aussi découvrir pour la première fois un morceau ancien grâce à la sortie de sa reprise.
Par l’exemple ci-dessous, je veux rendre hommage à deux artistes belges, le chanteur Salvatore Adamo et le rappeur Eddy Ape. Ils interprètent ensemble cette ancienne chanson d’Adamo intitulée « Les filles du bord de mer », mais revue par le rappeur avec, selon moi, un talent exceptionnel. Un grand bravo à tous les deux !
En général, les concours rencontrent pas mal de succès. Nous les connaissons dans différents domaines : le sport, la littérature, le jeu, la beauté, la politique, l’éloquence, etc. Voir concourir des protagonistes – individuellement ou en équipe – a ce petit côté excitant, surtout lorsqu’ils excellent et rivalisent dans un domaine qui nous passionne. La passion, ça y est, le mot est lâché !
La musique n’y fait pas exception ! Qui ne connaît pas l’émission télévisée « The Voice » ? Les mélomanes avertis aimant la musique classique connaîtront certainement, parmi tant d’autres, le « Concours Reine Elisabeth » à Bruxelles, ou encore le « Concours international Mozart » du Mozarteum à Salzbourg. Dans un autre genre musical, il y a par exemple à Paris le « Concours national de jazz de la Défense ». Au total, tous les concours musicaux de par le monde nous permettent d’écouter des musiques exécutées par des interprètes de grande qualité.
Voici un deuxième cocorico belge avec l’extrait ci-dessous, provenant du film « Le Maître de musique » réalisé par Gérard Corbiau, dans lequel un des élèves du « Maître » s’opposera au protégé de son rival à travers un concours lyrique :
La musicothérapie, qu’elle soit active, réceptive ou de détente psycho-musicale, tisse un lien entre le sujet et son thérapeute, et permet d’explorer différents domaines de la rééducation. Dans certains cas, elle permet d’atténuer la sensation de douleur.
Parmi les différentes expressions de la musique, le style musical est le reflet d’une partie de nous. Avez-vous jamais compté le nombre de genres musicaux ? Pour être honnête, je pensais qu’il y en avait tout au plus une (petite) cinquantaine… Grand maximum ! Citons le jazz, le rock, la musique classique et baroque, l’opéra, l’électro, les musiques du monde, la chanson française, la musique d’ambiance, le new age, le reggae, le bossa nova, le swing, le chant chorale, le tango, la valse, …
Une petite visite sur Wikipedia m’a littéralement stupéfait : à l’heure où je rédige cet article, j’ai pu y dénombrer 709 genres musicaux différents ! De quoi satisfaire tout le monde… et je trouve cela extraordinaire.
Je ne pourrais pas vous faire écouter chacun des genres musicaux, mais j’ai choisi un extrait d’un genre que je n’ai pas cité plus haut, intitulé en anglais la « soul music », ce qui signifie la musique de l’âme…
Avant de poursuivre, je tiens à remercier tous les auteurs, compositeurs, interprètes et ingénieurs du son qui m’ont permis d’illustrer différentes façons d’expérimenter la musique parmi tant d’autres.
En guise de finale, nous pouvons composer nous-mêmes et goûter au plaisir de la création. Pour un artiste amateur ou professionnel, rien n’est plus précieux que sa propre composition musicale, car elle exprime ses émotions les plus intimes. Partager et diffuser le produit de sa création peut se révéler carrément jouissif.
C’est avec une certaine émotion que je partage une composition de mon fils lorsqu’il avait 19 ans, intitulée « La Moldeva De Ma Vie » :
Maintenant, c’est à vous de jouer ! Les 21 exemples illustrés ci-dessus ne sont pas exhaustifs. Je vous invite donc à poster un commentaire ci-dessous, en décrivant une expérience musicale qui vous a particulièrement touché(e), et à copier le lien qui renvoie vers votre musique préférée, afin d’en faire profiter tous les lecteurs… D’avance, je vous remercie de votre participation !
Notre humanité doit aujourd’hui faire face à des défis considérables. Le « grand » responsable ? Un ennemi invisible, le coronavirus SARS-CoV-2, une particule microscopique à l’origine de la pandémie de la maladie appelée COVID-19. Au départ de Wuhan, une ville de la Chine centrale, elle se propage depuis fin 2019 à la planète entière. Il ne s’agit que d’une première vague.
Notre monde résistera-t-il ?
Les compteurs de la planète s’emballent avec les humains atteints par la COVID-19. Parmi eux, un grand nombre d’hospitalisés, pris en charge en soins intensifs ou malheureusement décédés. Les médecins s’insurgent contre la pénurie des masques de protection et craignent la carence de produits utilisés en soins intensifs tels que les myorelaxants, les sédatifs ou le curare.
La rédaction compatit avec les victimes et leurs proches. Elle remercie particulièrement les personnes travaillant dans des conditions difficiles aux dépens de leur propre santé. Si les soignants sont bien les principaux concernés, d’autres cependant poursuivent également leurs activités dans des secteurs dits « essentiels ».
Protéger les groupes à risque. Éviter à tout prix l’envahissement massif des lits d’hôpitaux. Préserver la disponibilité des respirateurs ainsi que des produits sanitaires et pharmaceutiques indispensables. Voilà pourquoi la priorité est donnée au confinement strict sous peine de sanctions. Ceci impacte fortement nos conduites et la matrice socio-économique dans ses aspects les plus inattendus. Il s’agit d’un cas d’école défiant les meilleurs experts, tous secteurs confondus.
Cette nature imperceptible nous confronte de plein fouet à notre finitude. Et cette fois, avec une accélération époustouflante si on la compare aux effets différés du désastre climatique. Tout se passe comme si la COVID-19 était venue siffler la fin de la récréation pour inciter la terre entière à réagir immédiatement. Comble de l’ironie, le blocage économique lié au confinement entraîne une chute des émissions de gaz à effet de serre. Certains y verront un maigre lot de consolation, d’autres une directive de droit naturel pour la protection environnementale.
En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons pas maîtriser tout comme nous l’entendons. Et cela génère de la peur. De ce fait, cessons d’être arrogants face aux forces de la nature, car celle-ci évoluera selon ses propres lois et mérite d’être respectée.
Quant à notre dépendance individuelle envers la société, elle est manifeste, et dans les circonstances actuelles, il vaudrait mieux dire criante. Cette vérité, celle d’être à la merci d’autrui et d’un système, engendre d’autant plus la peur que le confinement révèle combien l’organisation de notre société est source de chaos lorsqu’une partie de ses rouages est grippée. En résumé, nous semblons exister lorsque nous sommes rattachés à un modèle de société qui fonctionne. En cas de panne, nous perdons le sens de notre existence ou simplement la vie.
De surcroît, notre humanité est en souffrance et nous avons été pris de court. Qui eût cru que nous vivrions aujourd’hui un avant-goût du désastre climatique annoncé, même si la cause première est différente ? Les retombées sont aussi nombreuses qu’insoupçonnées, et les médias en font l’écho au quotidien :
Bien entendu, cette liste est loin d’être exhaustive et se développera sans relâche au cours de cette situation de crise pas aussi passagère qu’on aimerait s’autoriser à le penser. Le monde est triste et révolté.
Du personnel soignant et des volontaires s’activent de manière effrénée pour apporter leur aide aux malades et aux personnes les plus démunies. Beaucoup de chercheurs passent des nuits blanches afin de permettre la fabrication de tests et de vaccins. Des ingénieurs du monde entier ont partagé leurs découvertes pour fabriquer des respirateurs de fortune. Certaines entreprises se sont converties dans l’élaboration de produits d’intérêt sanitaire. Des vidéos circulent, expliquant comment confectionner des masques à domicile. Nous trouvons sur internet un tas d’astuces pour compenser la solitude et la sédentarité, et aussi des blagues pour alimenter notre besoin de rire et se détendre.
Par la force des choses, nous avons changé certains de nos comportements. Par exemple, les avions étant cloués au sol, nous ne voyageons plus dans des pays lointains. Le télétravail est privilégié. Tout cela fait un bien fou à la planète. Ou encore, les gens ayant un problème de santé non impérieux n’envahissent plus les services d’urgence de manière intempestive.
Associés dans le même combat, nous assistons désormais à une nouvelle envolée en termes de créativité, de capacité de réaction, de solidarité et de générosité.
Ce n’est ni l’heure de la météo, ni une allusion aux millions de microgouttelettes suspendues en l’air lorsque nous parlons, éternuons ou toussons.
Ce titre est simplement une métaphore pour illustrer à quel point nous manquons de clarté sur ce qui est en train de se passer. Fausses vérités ? Vraies dissimulations ? Comment nous y retrouver et surtout comment ne pas sombrer dans l’angoisse et la paranoïa tout en restant réalistes ?
Avant tout, il convient de faire preuve d’humilité et de prudence, car la science, aujourd’hui, ne dispose pas encore de connaissances suffisantes sur ce coronavirus et ses mutations potentielles, ni sur notre réponse immunitaire apparemment variable et passagère. Par conséquent, respectons toutes les mesures préventives qui nous sont conseillées ou imposées pour certaines, même si elles pèsent au niveau individuel en termes de revenus et de contacts sociaux.
Par ailleurs, évitons de prendre pour vérité toute allégation qui n’a pas été vérifiée par des personnes compétentes selon les protocoles scientifiques. Considérons donc ce genre de déclaration comme de la maladresse, et si des hypothèses doivent être émises afin de pouvoir les explorer, elles doivent rester nuancées tant qu’elles n’ont pas été validées scientifiquement.
Enfin, lorsque les épidémiologistes commentent les chiffres à l’antenne, ils s’expriment avec précaution , mais certains l’interprètent comme de la discrétion, ce qui n’est pas pareil. Les enjeux politiques et économiques sont tellement énormes que dans plusieurs pays, d’aucuns s’interrogent sur la véritable liberté d’expression de ces chercheurs.
De ce qui précède, l’occasion nous est donnée de nous interroger sur le véritable bon modèle de gouvernance, résultant de l’équilibre, sur base d’une coordination solidaire, entre les aspects politiques, économiques et scientifiques, en ce y compris les sciences sociales et humaines, ou encore, les sciences naturelles.
Admettons que cela peut paraître complètement naïf et illusoire, mais à l’heure actuelle, face à la nécessité absolue d’un changement réel, la vraie question est de savoir si nous avons le courage et la volonté de changer et de faire changer.
Rien n’est permanent. Chaque chose peut changer. Exister c’est devenir. Cette pensée, attribuée à Bouddha, cadre parfaitement avec le mobilisme d’Héraclite. Tout est en devenir, parfois entre deux extrêmes, comme par exemple « la réalité » d’une part, et « l’idéal » d’autre part, de même qu’une pente se définit comme ce qui relie « un bas » et « un haut ».
Ne nous enfonçons pas dans un pessimisme morbide, car nous pouvons tirer des leçons de cette COVID-19. Dans ce paradoxe où la société nous pousse à l’individualisme et à l’égocentrisme, force est de constater au cours de cette pandémie que l’individu a besoin de vivre en communauté et qu’il existe grâce à elle. Que cet épisode, vraisemblablement le premier d’une série, nous incite à utiliser notre intelligence collective pour réinventer de manière solidaire le monde de demain, respectueux des droits humains et de l’environnement, car si ce n’est pas la pandémie d’aujourd’hui, ce sera le désastre climatique de demain, invisible à sa façon, et certainement lié à notre société de consommation. Favorisons l’économie circulaire et revoyons nos besoins à la baisse.
Ce n’est qu’ensemble et à ces conditions que nous pourrons croire que ce n’est pas la fin du monde, et nous préparer à la fin d’un monde…
C’est ce dimanche 27 janvier à Bruxelles qu’aura lieu la nouvelle mobilisation citoyenne organisée par Rise for Climate (branche belge). Leur objectif : contribuer à sauver l’Humanité.
Diminuer les émissions de gaz à effet de serre afin de préserver les conditions climatiques est aujourd’hui une priorité absolue. Et pour cause, les experts du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) sont formels sur ce point, démontrant de surcroît dans leur rapport spécial publié le 8 octobre dernier qu’il est encore possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, un seuil à ne pas franchir en termes d’impacts sur le monde que nous connaissons actuellement.
L’expertise du GIEC, largement reconnue sur le plan technique et scientifique, détrône ainsi toutes les échappatoires selon lesquelles ces changements climatiques sont bien connus et répétés de manière quasi cyclique, résultant de façon naturelle d’interactions fort complexes entre différents systèmes thermiques.
Secundo, les répercussions des gaz à effet de serre sont différées. Les dégradations climatiques s’installent avec lenteur, et ce qui est constaté seulement aujourd’hui provient en réalité de la hausse de la concentration de ces gaz il y a plusieurs décennies.
L’évolution du climat impactera forcément notre comportement. Comme lors du naufrage du Titanic, les mieux nantis accéderont plus facilement à des plans de sauvetage. Dans ces conditions, comment réagirons-nous face à un clivage social aussi profond, au point d’entraîner dans son sillage une véritable crise politique et géopolitique ?
Survivre deviendra le modus vivendi dominant. Qui se risquera encore à opter pour la solidarité plutôt que pour son intérêt personnel ? Quelles valeurs nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants connaîtront-ils ? Tout cela aboutira immanquablement à un véritable chaos humanitaire, et notre bonne vieille terre, dans son agonie, en sera le dernier témoin.
Reste-t-il aujourd’hui de bonnes raisons pour ne pas (ré)agir, tandis que selon le GIEC, nous pouvons encore apporter le changement ? Il est donc urgent de réfléchir sur nos propres choix et sur les priorités que nous voulons nous fixer, surtout si nous estimons que notre bonheur personnel est conditionné par celui de notre descendance. Nous pouvons aussi nous sentir concernés par ce qui se passe sur notre planète, en l’occurence, par l’empreinte écologique que nous y laissons. Après tout, notre existence n’est-elle pas, comme celle des autres, reliée à un cycle du temps invisible qui nous unit tous dans une même condition humaine ?
À titre individuel, adopter un comportement adéquat est une ligne d’action essentielle. Forcément, rien ne bougera dans une logique où chaque citoyen compte sur les agissements des autres. En outre, il est aberrant de croire que notre contribution personnelle, aussi modeste soit-elle, ne puisse avoir elle aussi un impact positif sur le climat. La métaphore de l’effet papillon l’illustre bien. D’ailleurs, il existe de nombreuses sources d’information expliquant des gestes simples pour préserver notre planète au quotidien, comme nous pouvons le constater avec ce blog dédié à l’environnement.
Un autre champ d’action concerne l’industrialisation de nos produits de consommation et la pollution excessive qu’elle entraîne, tous secteurs confondus. Les entreprises de marketing nous débusquent en tant que consommateurs et non pas en tant qu’êtres humains. Sensibilisés par les campagnes de publicité, nous avons du mal à nous passer de biens et de services dont nous n’avons pas vraiment besoin. Pour beaucoup, consommer est devenu une forme d’existence, et ainsi s’installe un cercle vicieux préjudiciable à la santé de notre planète. Voilà pourquoi l’industrialisation, avec ses grandes enseignes, est devenue une véritable puissance dont il faut combattre les excès par des actes individuels, collectifs et politiques.
Enfin, signalons la nécessité d’encourager les pouvoirs publics à jouer un rôle décisif dans cette matière très complexe, afin de coordonner toutes les interventions nécessaires dans le cadre d’une véritable gouvernance sur l’ensemble des acteurs économiques, tant au niveau national qu’international. Voici, à titre d’exemples, quelques mesures pouvant favoriser cette transition écologique :
Il s’agit sans doute du défi politique et sociétal le plus noble qui ait jamais existé, car un des facteurs de succès est la préservation de l’équilibre économique au niveau mondial. Cela revient à dire que si nous ne nous préoccupons pas de la disparition des inégalités et n’en acceptons pas les conséquences, nous condamnons à mort notre propre descendance.
Vous ne vous sentez pas pleinement heureux ? Ou vous pensez peut-être que vous êtes carrément une personne à plaindre ? Alors cet article est pour vous ! Mais attention, le bonheur absolu, encore faudrait-il pouvoir le définir, n’existe probablement pas. Toutefois, nous pouvons tous essayer de vivre heureux le plus possible et le mieux possible. Sans aucun doute un bel objectif pour bien débuter l’année 2019…
Il existe des circonstances que vous ne pourrez jamais changer, comme par exemple la perte d’un être cher, une maladie génétique ou l’accomplissement d’une faute irréparable. Il y a aussi des cas de figure où l’espoir d’un changement n’est souvent qu’illusion : récupérer un amour perdu, rattraper en dix minutes un retard de trois heures.
Les exemples de situations malheureuses qu’il est raisonnable d’accepter foisonnent, parce que raisonnablement rien ni personne ne pourront y changer quelque chose. Par conséquent, le simple fait de s’accommoder de telles conditions permet de tourner la page, de consacrer son temps et son énergie à autre chose, et de viser l’avenir de manière constructive.
De ce qui précède, il ne faut surtout pas penser qu’il faille rester inactif. C’est tout le contraire. Bien souvent, un événement triste ou un fait regrettable permettent par la suite de construire sa vie autrement, de se réinventer, de chercher des alternatives. Pour certains, il s’agit même de renaître, avec un futur plus resplendissant que le passé !
Ainsi, pour illustrer ces propos, il est bon de s’assurer la meilleure hygiène de vie possible afin de préserver au mieux son capital santé, même si ce dernier n’est pas florissant : perdre du poids, équilibrer son alimentation, diminuer les boissons alcoolisées, arrêter toute consommation de drogue ou de tabac, intensifier son activité physique, etc. Autant de bonnes résolutions susceptibles de vous apporter à la fois un bien-être physique et un coup de pouce à votre moral.
Dans un tout autre domaine, il est bénéfique de chercher à corriger, enrichir ou parfaire certains traits qui vous caractérisent. Développez du mieux que vous pouvez les qualités que vous appréciez chez les autres : un visage qui vous sourit, un regard qui vous est porté, une écoute qui vous est réservée, des paroles et des actes qui respirent la transparence et la véracité, la tendresse que vous recevez, l’amour qui vous est donné.
Cela revient à tout mettre en oeuvre pour accomplir un plan, parce qu’il y a désir (pour obtenir une satisfaction) ou parce qu’il y a volonté (pour atteindre un objectif). Réaliser ses aspirations et accomplir ses projets sont source de joie.
Encore faut-il que tout cela soit réaliste, même si c’est ambitieux. En effet, rechercher des satisfactions inaccessibles ou poursuivre des objectifs hors de portée sont source de frustration.
Il faut donc oser ses rêves, mais garder les pieds sur terre, et en cas de doute, il sera opportun de progresser modestement à petits pas dans la bonne direction.
Au risque de choquer certains, il existe une bonne et une mauvaise façon de souffrir. Il y a des souffrances auxquelles on n’échappe pas, et au moment où elles surviennent, pour autant qu’elles surviennent, on les subit… Ceci est la bonne façon de souffrir.
Par contre, il y a des souffrances qu’on se représente dans l’avenir sans connaître leur véritable nature et intensité. N’est-il pas dommage, par exemple, de se tracasser durant plusieurs semaines à cause d’une intervention chirurgicale prévue dans 2 mois ? Ceci est la mauvaise façon de souffrir.
Et en guise d’apothéose, il y en a qui se laissent envahir par la peur à cause d’une souffrance imaginaire, à tel point qu’ils se bloquent. Par exemple, certains n’osent pas s’engager dans une relation amoureuse par crainte d’être déçus, d’autres ne postulent pas pour un poste vacant par peur de l’échec. Ceci est la pire façon de souffrir.
En premier lieu, vivre c’est être, conjugué à l’indicatif présent : je suis, et non pas j’étais ou je serai. Vivre, c’est donc expérimenter chaque instant actuel et réel au fur et à mesure qu’il passe. La dimension temps est un processus continu que personne ne peut arrêter ni avancer ou reculer.
Petit parallélisme entre la vie et la musique : pour découvrir une mélodie, il faut la laisser jouer au tempo de la partition, sans l’arrêter, sans la rembobiner en arrière et sans l’accélérer en avant, sinon, elle n’existe plus.
Exister, c’est vivre l’instant présent, en appréciant ou en détestant chaque moment qui passe, et agir et ressentir en conséquence, pleinement concentré sur ce qui a lieu maintenant et ici. Chaque minute nous apprend et nous fait grandir…
Le plus regrettable est d’avoir le regret de n’avoir pas apprécié le temps présent au moment où il se déroulait dans le passé. Le meilleur moyen pour dissiper cette amertume est de se concentrer sans tarder sur ce qui se passe ici et maintenant.
Vivre dans l’attente c’est prendre le risque d’être déçu. Ne vaut-il pas mieux contacter soi-même un ami au moment où l’envie vous traverse l’esprit plutôt que d’attendre que lui vous appelle ?
Chacun est acteur de sa propre vie. Prendre les choses en main permet de les faire bouger et d’aller de l’avant, sachant que la force est d’abord en soi.
Et lorsque malgré tout survient l’inattendu, c’est tout simplement un cadeau de la vie ou d’un être qui vous veut du bien, comme l’illustre cette citation de Jean d’Ormesson : « Tout le bonheur du monde est dans l’inattendu ».
C’est un peu surréaliste, mais il est parfois plus facile de paraître quelqu’un d’autre que d’être tout simplement soi. Il peut sembler difficile pour certains d’accepter ce qu’ils sont et qui ils sont, d’agir en conformité avec leur état d’âme et de dire « non ».
En effet, n’est-il pas frustrant de préférer se taire au lieu d’exprimer son affection, son intérêt ou de manifester sa déception, sa désapprobation, sa colère ? Cela peut provenir d’un manque de confiance en soi comme de la crainte de la réaction de l’autre. Dans les deux cas, vous pouvez recourir à une astuce particulièrement honnête et efficace, en déclarant votre perception… Celle-ci vous appartient, personne ne peut donc la critiquer ou la nier, sauf vous, car c’est votre réalité. Votre perception n’est ni blessante ni accusatrice, elle remet votre personnalité à l’honneur, et en la faisant connaître, vous vous ouvrez à un véritable dialogue sans risquer de vous perdre dans la réaction de l’autre.
Comme nous venons de le voir, se faire respecter, c’est déjà bien, mais se respecter (sans le verbe faire), c’est une autre aventure ! Cela suppose de se connaître soi-même, ce qui n’est pas toujours évident, et ensuite de chercher à s’épanouir en accord avec soi. Pour y arriver, des exercices d’introspection s’avèrent utiles.
Par ailleurs, le regard intérieur sur soi nous permet de découvrir non seulement notre singularité qui demande le respect comme expliqué ci-dessus, mais aussi notre humanité qui sollicite la tolérance. Je tolère ce que les autres sont, et j’attends des autres qu’ils me tolèrent tel que je suis, car nous avons tous une part d’humanité qui fait que nous sommes dotés de mêmes besoins, aspirations, pulsions, répulsions.
Être aimé, n’est-ce pas l’aspiration la plus universelle ? Et fort malheureusement, beaucoup de gens ne se sentent pas aimés. L’amour se décline de mille et une façons. Peut-être sommes-nous trop exigeants envers les autres, et incapables d’apprécier l’amour qu’ils nous donnent déjà ? Sommes-nous suffisamment doués pour aimer autant que ce que nous serions en « droit » d’attendre des autres ?
Quelles que soient les réponses à ces questions, il sera plus facile pour les autres de nous donner de l’amour si nous exerçons notre propre capacité à aimer davantage tout en restant soi.
Vivre de manière tolérante est une chose, mais pour s’épanouir, il faut savoir bien s’entourer. Ceci n’a rien à voir avec de l’opportunisme lorsqu’il s’agit d’éviter des personnes qui vous tirent vers le bas, vous harcèlent, vous manipulent pour pomper toute votre énergie.
Une vocation sans doute universelle est d’expérimenter pleinement le bonheur sur base de trois fondements que sont le beau, le bon et le vrai.
Le beau nous apaise, nous émeut, nous cultive. Le beau resplendit au-delà de toute considération physique ou plastique. Nous le retrouvons volontiers dans la nature et dans l’art, mais aussi dans ce que notre intérieur humain peut révéler.
Le bon nous attendrit, nous console, nous rassure, nous délivre, nous réchauffe, nous illumine. Le bon est un acte d’amour.
Le vrai nous donne confiance, nous ouvre des horizons, nous permet d’avancer et laisse transparaître la lumière. Le vrai est le fruit d’un coeur pur.
Dès lors, pouvons-nous encore faire des choix ou accomplir des actes qui n’aillent pas dans le sens du beau, du bon et du vrai ?
Chacune des clés mérite à elle seule d’être exploitée séparément. Si vous désirez vous les approprier, nous vous suggérons de vous concentrer sur une seule à la fois, et ce pour une durée de quelques jours, semaines, mois, années selon le besoin et la priorité que vous lui accordez. Viennent ensuite les autres, de manière successive ou cumulative. Et n’oubliez jamais : vouloir adopter ne fût-ce qu’une seule petite clé, c’est déjà progresser !
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