Notre humanité doit aujourd’hui faire face à des défis considérables. Le « grand » responsable ? Un ennemi invisible, le coronavirus SARS-CoV-2, une particule microscopique à l’origine de la pandémie de la maladie appelée COVID-19. Au départ de Wuhan, une ville de la Chine centrale, elle se propage depuis fin 2019 à la planète entière. Il ne s’agit que d’une première vague.
Notre monde résistera-t-il ?
Les compteurs de la planète s’emballent avec les humains atteints par la COVID-19. Parmi eux, un grand nombre d’hospitalisés, pris en charge en soins intensifs ou malheureusement décédés. Les médecins s’insurgent contre la pénurie des masques de protection et craignent la carence de produits utilisés en soins intensifs tels que les myorelaxants, les sédatifs ou le curare.
La rédaction compatit avec les victimes et leurs proches. Elle remercie particulièrement les personnes travaillant dans des conditions difficiles aux dépens de leur propre santé. Si les soignants sont bien les principaux concernés, d’autres cependant poursuivent également leurs activités dans des secteurs dits « essentiels ».
Protéger les groupes à risque. Éviter à tout prix l’envahissement massif des lits d’hôpitaux. Préserver la disponibilité des respirateurs ainsi que des produits sanitaires et pharmaceutiques indispensables. Voilà pourquoi la priorité est donnée au confinement strict sous peine de sanctions. Ceci impacte fortement nos conduites et la matrice socio-économique dans ses aspects les plus inattendus. Il s’agit d’un cas d’école défiant les meilleurs experts, tous secteurs confondus.
Cette nature imperceptible nous confronte de plein fouet à notre finitude. Et cette fois, avec une accélération époustouflante si on la compare aux effets différés du désastre climatique. Tout se passe comme si la COVID-19 était venue siffler la fin de la récréation pour inciter la terre entière à réagir immédiatement. Comble de l’ironie, le blocage économique lié au confinement entraîne une chute des émissions de gaz à effet de serre. Certains y verront un maigre lot de consolation, d’autres une directive de droit naturel pour la protection environnementale.
En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons pas maîtriser tout comme nous l’entendons. Et cela génère de la peur. De ce fait, cessons d’être arrogants face aux forces de la nature, car celle-ci évoluera selon ses propres lois et mérite d’être respectée.
Quant à notre dépendance individuelle envers la société, elle est manifeste, et dans les circonstances actuelles, il vaudrait mieux dire criante. Cette vérité, celle d’être à la merci d’autrui et d’un système, engendre d’autant plus la peur que le confinement révèle combien l’organisation de notre société est source de chaos lorsqu’une partie de ses rouages est grippée. En résumé, nous semblons exister lorsque nous sommes rattachés à un modèle de société qui fonctionne. En cas de panne, nous perdons le sens de notre existence ou simplement la vie.
De surcroît, notre humanité est en souffrance et nous avons été pris de court. Qui eût cru que nous vivrions aujourd’hui un avant-goût du désastre climatique annoncé, même si la cause première est différente ? Les retombées sont aussi nombreuses qu’insoupçonnées, et les médias en font l’écho au quotidien :
Bien entendu, cette liste est loin d’être exhaustive et se développera sans relâche au cours de cette situation de crise pas aussi passagère qu’on aimerait s’autoriser à le penser. Le monde est triste et révolté.
Du personnel soignant et des volontaires s’activent de manière effrénée pour apporter leur aide aux malades et aux personnes les plus démunies. Beaucoup de chercheurs passent des nuits blanches afin de permettre la fabrication de tests et de vaccins. Des ingénieurs du monde entier ont partagé leurs découvertes pour fabriquer des respirateurs de fortune. Certaines entreprises se sont converties dans l’élaboration de produits d’intérêt sanitaire. Des vidéos circulent, expliquant comment confectionner des masques à domicile. Nous trouvons sur internet un tas d’astuces pour compenser la solitude et la sédentarité, et aussi des blagues pour alimenter notre besoin de rire et se détendre.
Par la force des choses, nous avons changé certains de nos comportements. Par exemple, les avions étant cloués au sol, nous ne voyageons plus dans des pays lointains. Le télétravail est privilégié. Tout cela fait un bien fou à la planète. Ou encore, les gens ayant un problème de santé non impérieux n’envahissent plus les services d’urgence de manière intempestive.
Associés dans le même combat, nous assistons désormais à une nouvelle envolée en termes de créativité, de capacité de réaction, de solidarité et de générosité.
Ce n’est ni l’heure de la météo, ni une allusion aux millions de microgouttelettes suspendues en l’air lorsque nous parlons, éternuons ou toussons.
Ce titre est simplement une métaphore pour illustrer à quel point nous manquons de clarté sur ce qui est en train de se passer. Fausses vérités ? Vraies dissimulations ? Comment nous y retrouver et surtout comment ne pas sombrer dans l’angoisse et la paranoïa tout en restant réalistes ?
Avant tout, il convient de faire preuve d’humilité et de prudence, car la science, aujourd’hui, ne dispose pas encore de connaissances suffisantes sur ce coronavirus et ses mutations potentielles, ni sur notre réponse immunitaire apparemment variable et passagère. Par conséquent, respectons toutes les mesures préventives qui nous sont conseillées ou imposées pour certaines, même si elles pèsent au niveau individuel en termes de revenus et de contacts sociaux.
Par ailleurs, évitons de prendre pour vérité toute allégation qui n’a pas été vérifiée par des personnes compétentes selon les protocoles scientifiques. Considérons donc ce genre de déclaration comme de la maladresse, et si des hypothèses doivent être émises afin de pouvoir les explorer, elles doivent rester nuancées tant qu’elles n’ont pas été validées scientifiquement.
Enfin, lorsque les épidémiologistes commentent les chiffres à l’antenne, ils s’expriment avec précaution , mais certains l’interprètent comme de la discrétion, ce qui n’est pas pareil. Les enjeux politiques et économiques sont tellement énormes que dans plusieurs pays, d’aucuns s’interrogent sur la véritable liberté d’expression de ces chercheurs.
De ce qui précède, l’occasion nous est donnée de nous interroger sur le véritable bon modèle de gouvernance, résultant de l’équilibre, sur base d’une coordination solidaire, entre les aspects politiques, économiques et scientifiques, en ce y compris les sciences sociales et humaines, ou encore, les sciences naturelles.
Admettons que cela peut paraître complètement naïf et illusoire, mais à l’heure actuelle, face à la nécessité absolue d’un changement réel, la vraie question est de savoir si nous avons le courage et la volonté de changer et de faire changer.
Rien n’est permanent. Chaque chose peut changer. Exister c’est devenir. Cette pensée, attribuée à Bouddha, cadre parfaitement avec le mobilisme d’Héraclite. Tout est en devenir, parfois entre deux extrêmes, comme par exemple « la réalité » d’une part, et « l’idéal » d’autre part, de même qu’une pente se définit comme ce qui relie « un bas » et « un haut ».
Ne nous enfonçons pas dans un pessimisme morbide, car nous pouvons tirer des leçons de cette COVID-19. Dans ce paradoxe où la société nous pousse à l’individualisme et à l’égocentrisme, force est de constater au cours de cette pandémie que l’individu a besoin de vivre en communauté et qu’il existe grâce à elle. Que cet épisode, vraisemblablement le premier d’une série, nous incite à utiliser notre intelligence collective pour réinventer de manière solidaire le monde de demain, respectueux des droits humains et de l’environnement, car si ce n’est pas la pandémie d’aujourd’hui, ce sera le désastre climatique de demain, invisible à sa façon, et certainement lié à notre société de consommation. Favorisons l’économie circulaire et revoyons nos besoins à la baisse.
Ce n’est qu’ensemble et à ces conditions que nous pourrons croire que ce n’est pas la fin du monde, et nous préparer à la fin d’un monde…