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COVID-19 : notre humanité sous le microscope

COVID-19 : notre humanité sous le microscope

Notre humanité doit aujourd’hui faire face à des défis considérables. Le « grand » responsable ? Un ennemi invisible, le coronavirus SARS-CoV-2, une particule microscopique à l’origine de la pandémie de la maladie appelée COVID-19. Au départ de Wuhan, une ville de la Chine centrale, elle se propage depuis fin 2019 à la planète entière. Il ne s’agit que d’une première vague.

Notre monde résistera-t-il ?

© Syaibatul Hamdi (www.pixabay.com)

Vers la fin du monde ou la fin d’un monde ?

Préambule

Les compteurs de la planète s’emballent avec les humains atteints par la COVID-19. Parmi eux, un grand nombre d’hospitalisés, pris en charge en soins intensifs ou malheureusement décédés. Les médecins s’insurgent contre la pénurie des masques de protection et craignent la carence de produits utilisés en soins intensifs tels que les myorelaxants, les sédatifs ou le curare.

La rédaction compatit avec les victimes et leurs proches. Elle remercie particulièrement les personnes travaillant dans des conditions difficiles aux dépens de leur propre santé. Si les soignants sont bien les principaux concernés, d’autres cependant poursuivent également leurs activités dans des secteurs dits « essentiels ».

La stratégie du confinement

Protéger les groupes à risque. Éviter à tout prix l’envahissement massif des lits d’hôpitaux. Préserver la disponibilité des respirateurs ainsi que des produits sanitaires et pharmaceutiques indispensables. Voilà pourquoi la priorité est donnée au confinement strict sous peine de sanctions. Ceci impacte fortement nos conduites et la matrice socio-économique dans ses aspects les plus inattendus. Il s’agit d’un cas d’école défiant les meilleurs experts, tous secteurs confondus.

Finie la récréation !

Cette nature imperceptible nous confronte de plein fouet à notre finitude. Et cette fois, avec une accélération époustouflante si on la compare aux effets différés du désastre climatique. Tout se passe comme si la COVID-19 était venue siffler la fin de la récréation pour inciter la terre entière à réagir immédiatement. Comble de l’ironie, le blocage économique lié au confinement entraîne une chute des émissions de gaz à effet de serre. Certains y verront un maigre lot de consolation, d’autres une directive de droit naturel pour la protection environnementale.

Le fondement de la peur

En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons pas maîtriser tout comme nous l’entendons. Et cela génère de la peur. De ce fait, cessons d’être arrogants face aux forces de la nature, car celle-ci évoluera selon ses propres lois et mérite d’être respectée.

Quant à notre dépendance individuelle envers la société, elle est manifeste, et dans les circonstances actuelles, il vaudrait mieux dire criante. Cette vérité, celle d’être à la merci d’autrui et d’un système, engendre d’autant plus la peur que le confinement révèle combien l’organisation de notre société est source de chaos lorsqu’une partie de ses rouages est grippée. En résumé, nous semblons exister lorsque nous sommes rattachés à un modèle de société qui fonctionne. En cas de panne, nous perdons le sens de notre existence ou simplement la vie.

Des répercussions inquiétantes

De surcroît, notre humanité est en souffrance et nous avons été pris de court. Qui eût cru que nous vivrions aujourd’hui un avant-goût du désastre climatique annoncé, même si la cause première est différente ? Les retombées sont aussi nombreuses qu’insoupçonnées, et les médias en font l’écho au quotidien :

  • des réactions égocentriques faisant suite à l’incertitude de l’approvisionnement des commerces alimentaires, des actes de violence, l’achat d’armes à feu en guise de protection individuelle contre des humains dans la misère ;
  • la paupérisation et la famine se marquant dans une configuration inédite avec le blocage mondial des activités économiques « non essentielles », et de ce fait des tensions sociales inévitables ;
  • la cessation de l’enseignement et de l’éducation renforçant l’inégalité des chances ;
  • des souffrances psychologiques et des violences familiales du fait de l’interdiction des activités sociales, sportives et culturelles ;
  • des actes d’incivilité par le non-respect du confinement, des discussions éthiques concernant les malades à prioriser pour les soins ;
  • la pénurie de produits indispensables faisant grimper les prix et favorisant la contrefaçon et les arnaques.

Bien entendu, cette liste est loin d’être exhaustive et se développera sans relâche au cours de cette situation de crise pas aussi passagère qu’on aimerait s’autoriser à le penser. Le monde est triste et révolté.

Et pourtant…

Du personnel soignant et des volontaires s’activent de manière effrénée pour apporter leur aide aux malades et aux personnes les plus démunies. Beaucoup de chercheurs passent des nuits blanches afin de permettre la fabrication de tests et de vaccins. Des ingénieurs du monde entier ont partagé leurs découvertes pour fabriquer des respirateurs de fortune. Certaines entreprises se sont converties dans l’élaboration de produits d’intérêt sanitaire. Des vidéos circulent, expliquant comment confectionner des masques à domicile. Nous trouvons sur internet un tas d’astuces pour compenser la solitude et la sédentarité, et aussi des blagues pour alimenter notre besoin de rire et se détendre.

Par la force des choses, nous avons changé certains de nos comportements. Par exemple, les avions étant cloués au sol, nous ne voyageons plus dans des pays lointains. Le télétravail est privilégié. Tout cela fait un bien fou à la planète. Ou encore, les gens ayant un problème de santé non impérieux n’envahissent plus les services d’urgence de manière intempestive.

Associés dans le même combat, nous assistons désormais à une nouvelle envolée en termes de créativité, de capacité de réaction, de solidarité et de générosité.

Un banc de brume

Ce n’est ni l’heure de la météo, ni une allusion aux millions de microgouttelettes suspendues en l’air lorsque nous parlons, éternuons ou toussons.

Ce titre est simplement une métaphore pour illustrer à quel point nous manquons de clarté sur ce qui est en train de se passer. Fausses vérités ? Vraies dissimulations ? Comment nous y retrouver et surtout comment ne pas sombrer dans l’angoisse et la paranoïa tout en restant réalistes ?

Avant tout, il convient de faire preuve d’humilité et de prudence, car la science, aujourd’hui, ne dispose pas encore de connaissances suffisantes sur ce coronavirus et ses mutations potentielles, ni sur notre réponse immunitaire apparemment variable et passagère. Par conséquent, respectons toutes les mesures préventives qui nous sont conseillées ou imposées pour certaines, même si elles pèsent au niveau individuel en termes de revenus et de contacts sociaux.

Par ailleurs, évitons de prendre pour vérité toute allégation qui n’a pas été vérifiée par des personnes compétentes selon les protocoles scientifiques. Considérons donc ce genre de déclaration comme de la maladresse, et si des hypothèses doivent être émises afin de pouvoir les explorer, elles doivent rester nuancées tant qu’elles n’ont pas été validées scientifiquement.

Enfin, lorsque les épidémiologistes commentent les chiffres à l’antenne, ils s’expriment avec précaution , mais certains l’interprètent comme de la discrétion, ce qui n’est pas pareil. Les enjeux politiques et économiques sont tellement énormes que dans plusieurs pays, d’aucuns s’interrogent sur la véritable liberté d’expression de ces chercheurs.

Un défi majeur pour les responsables politiques

De ce qui précède, l’occasion nous est donnée de nous interroger sur le véritable bon modèle de gouvernance, résultant de l’équilibre, sur base d’une coordination solidaire, entre les aspects politiques, économiques et scientifiques, en ce y compris les sciences sociales et humaines, ou encore, les sciences naturelles.

Admettons que cela peut paraître complètement naïf et illusoire, mais à l’heure actuelle, face à la nécessité absolue d’un changement réel, la vraie question est de savoir si nous avons le courage et la volonté de changer et de faire changer.

Rien n’est permanent. Chaque chose peut changer. Exister c’est devenir. Cette pensée, attribuée à Bouddha, cadre parfaitement avec le mobilisme d’Héraclite. Tout est en devenir, parfois entre deux extrêmes, comme par exemple « la réalité » d’une part, et « l’idéal » d’autre part, de même qu’une pente se définit comme ce qui relie « un bas » et « un haut ».

La fin du monde ou la fin d’un monde ?

Ne nous enfonçons pas dans un pessimisme morbide, car nous pouvons tirer des leçons de cette COVID-19. Dans ce paradoxe où la société nous pousse à l’individualisme et à l’égocentrisme, force est de constater au cours de cette pandémie que l’individu a besoin de vivre en communauté et qu’il existe grâce à elle. Que cet épisode, vraisemblablement le premier d’une série, nous incite à utiliser notre intelligence collective pour réinventer de manière solidaire le monde de demain, respectueux des droits humains et de l’environnement, car si ce n’est pas la pandémie d’aujourd’hui, ce sera le désastre climatique de demain, invisible à sa façon, et certainement lié à notre société de consommation. Favorisons l’économie circulaire et revoyons nos besoins à la baisse.

Ce n’est qu’ensemble et à ces conditions que nous pourrons croire que ce n’est pas la fin du monde, et nous préparer à la fin d’un monde…

Philippe Marneth

8 commentaires à ce jour

cecius dit jehinPublié le 14 Juil 2020 - 12:54

Bel article, tout en interrogation. De très beaux propos idéalistes ont circulé durant ce confinement, mais aussi des excès de violence au nom de je ne sais quel combat. Une réflexion introspective quant à l’avenir. Ce qu’on pourrait laisser à nos enfants ou ce qu’il faudrait changer pour leur laisser autre chose qu’une société de pure consommation. Nous avons besoin pour la plupart de palier à nos frustrations par des gadgets entassés sur le mont du bonheur palpable. L’humanisme demande un travail considérable, sommes-nous outillés pour ça?

BringaudPublié le 4 Mai 2020 - 9:06

Bon commentaire qui ouvre des portes sur des réflexions comme :
. La liberté
. Les choix
. La citoyenneté
. L’écologie
. La richesse
Que ferons nous de tout cela ?
Un signal d’alarme nous montre le monde d’aujourd’hui et ses faiblesses , à courir après le «  toujours plus » nous en avons oublié l’essentiel !
Comme un film d’un monde nouveau , nous revoyons les fleurs disparues , les insectes ,les dauphins dans les ports , les oiseaux qui chantent à tue-tête et l’air que l’on respire a retrouvé sa pureté .
Les citoyens s’entraident , apprennent à revivre en famille et déploient des ressources inimaginables d’ingéniosités .
Un film en noir et blanc ou l’on a rajouté les couleurs .
Mais si l’homme dit changeons , alors la question qui se pose est «   comment? »
On peut philosopher sur le bien être de chacun et le monde meilleur que nous supputons , mais le système économique et bancaire , aujourd’hui en place, nous laissera-t-il la liberté pour mettre en place ce monde nouveau?
Ce monde a basculé pour une seule raison , une question d’éthique
Doit – on sacrifier les actifs pour protéger nos aïeuls ?
La décision aussi difficile soit-elle à prendre a été tranchée. On a mis à terre le système économique mondial et à genoux nos jeunes pour protéger nos aïeuls , en les privant eux même de liberté avec ou contre leur gré !
Oui ce virus a mis à plat, bien au delà de la guerre du personnel soignant ,les questions de morale et de liberté .

Yasmina El JamaïPublié le 3 Mai 2020 - 11:06

Article intéressant.
Il serait tout aussi pertinent de faire part des solutions les plus susceptbles de laisser place à un monde équitable et viable pour tous, incluant la faune et la flore. Le mouvement Occupy me avait déjà démontré le malaise de citoyens face au capitalisme sauvage; malheureusement, aucune idée ou solution n’avait été proposée par les insurgés. Il en va de mème pour les manifestations globales pour la sauvegarde écologique où les participants scandent des messages forts, mais sans faire de demandes claires à leurs gouvernements. Quant aux journalistes, ils font état des événements sans suggérer de plan d’action. Finalement, ce sont les pétitions qui permettent un changement. Qui repensera le système actuel? Noam Chomsky l’expose et le dénonce, mais sans trouver de remède. Qui osera abolir l’obsolescence programmée? Qui voudra remplacer l’argent par un système d’échange ou de troc pour que les valeurs humaines reprennent toute leur place? Il est temps de réfléchir à ce nouveau système, d’en parler aux citoyens du monde et de faire circuler une pétition mondiale. Culte de l’argent = inégalités, avidité, domination, excès, exploitation. Cela rend l’humain compétitif, individualiste et cruel.

TibiPublié le 2 Mai 2020 - 10:24

Très intéressant cette réflexion
L’humilité bien sûr
A mon sens la solidarité est fondamentale dans cette période historique ….
Car sans nous rien ne pourra se faire pas même la politique
L’économie pour la première fois ils ne peuvent nous soumettre
Nous reprenons notre souveraineté
C’est la première fois que nous pourrons faire entendre notre voix pour choisir un modèle de vie humain selon nos vrais valeurs

Kiki22Publié le 1 Mai 2020 - 11:16

J’invite tous ceux qui ont lu cet article avec intérêt à lire les livres de Yuval Noah Harari, Homo Sapiens et Homo Deus, 2 pavés certes mais une révision non inutile de l’évolution de l’humanité et du rôle pas toujours honorable de Homo Sapiens vis à vis de ses congénères et de la nature. Une vision éclairée de l’évolution notamment biotechnologique…
De quoi sera fait l’avenir ? comment peut-on agir ? Les futurs « robots intelligent  » nous traiterons-ils comme nous avons traités les animaux ?

GervaisPublié le 30 Avr 2020 - 6:01

Bel article intéressant : humilité , prudence , rien n’est permanent … la nature reprend ses droits, nous devons nous adapter à elle et non l’inverse. Utopique probablement de penser que nous allons y arriver tous ensemble car les intérêts économiques des puissants risquent de continuer à tout contrôler… Espoir tout de même.
Bravo et merci.
Sébastien

DhayerPublié le 26 Avr 2020 - 8:42

Tres bon article posant de bonnes questions sur nos attitudes consommatrices …
Changer ou vouloir changer …qui et comment ….?
La Nature nous rappellent nos impuissances devant l Univers « incommensurable «  et notre finitude dont seul Dieu est juge du moment …
on l a oublie ….
Il serait bon d y penser ou repenser !
Le «  Veau d Or «  n a jamais donne le bonheur et la serenite !!!!

Norma RadaelliPublié le 22 Avr 2020 - 2:27

Interesante su reflexión. Para algunos, la vida luego del COVID-19 será salir corriendo como un perro que ha estado atado mucho tiempo. Otros no podrán salir producto de trastornos de personalidad agravado. Los más inteligentes se han dado cuenta de como impacta nuestra ausencia en este mundo. Habrá divorcios. Habrá personas más sólidas. No sabemos si hubo suicidios. Sabemos ,algunos, más sibre nosotros mismos. Gracias.

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