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Archive de l’auteur Emmanuelle Salesse

Nous partageons tous la même planète… et pourtant…

S’il est évident que nous partageons tous la même planète, le simple fait de devoir le souligner pointe du doigt la regrettable vérité : nous l’oublions trop souvent.

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Nous sommes tous les habitants de cette bulle de vie au milieu du gigantisme. Avec chacun nos particularités, nous n’en sommes pas moins, tous, des êtres humains soumis aux mêmes lois du vivant et de la planète que nous peuplons. Nous avons tous les mêmes droits éthiques, issus de la « Déclaration Universelle des Droits de L’homme ». Nous avons tous les mêmes devoirs envers la vie, les autres et nous-même.

Cependant, nous ne cessons de nous déchirer, nous ne cessons de nous opposer les uns aux autres. Comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, « Pourquoi nous haïr ? Nous sommes solidaires, emportés par la même planète, équipage d’un même navire. »

Apparait-il possible alors d’ouvrir une voie vers la paix, vers l’émerveillement et l’enchantement chers à Pierre Rabhi ?

Intrinsèquement semblables…

Que nous vivions dans les îles chaudes du Pacifique, sur les hauts plateaux tibétains ou dans les grandes plaines d’Afrique, nous sommes tous soumis aux mêmes contraintes physiologiques, et devons assouvir les trois fonctions fondamentales : se nourrir, se défendre et se reproduire. 

Nous sommes tous des organismes incarnés, animés par une âme, et un esprit, une intelligence, qui aspirent universellement aux mêmes quêtes de bonheur et d’Amour, aux quatre coins de la planète.

Chacun de nous vient au monde chargé de sa culture, de son environnement, de son milieu social, etc. À notre naissance, notre psyché n’est pas immaculée, mais bel et bien marquée du sceau de notre histoire familiale et culturelle. Depuis le début de l’histoire de l’humanité, les différentes régions du monde ont façonné les hommes qu’elles ont accueillis. Ces hommes ont alors érigé autour de leur groupe des croyances, des morales, des cultures pour bâtir leur identité, et leur appartenance à la communauté. Cette appartenance au groupe est indispensable aux hommes pour qu’ils puissent se construire de façon sereine et sécurisante. Nous parlons de racines, qui s’expriment tels des tuteurs, le long desquels les hommes vont pouvoir vivre et se développer, et par lesquels ils seront guidés.

… avec des dissemblances

Ces racines sont différentes pour chaque groupe d’humains, et font émerger des points de vue très divers sur la vie et l’organisation du monde. 

Cette diversité culturelle, qui s’exprime à plusieurs échelles, est une immense richesse ; elle représente le trésor de l’humanité, telles les facettes parfaites d’un diamant poli. Chaque facette isolément est une merveille, qui est transcendée dès lors qu’elle est observée au milieu des autres.

Cette diversité culturelle, si elle est une richesse, a cependant dérivé et fait émerger des sectarismes prononcés, et des rejets plus ou moins marqués par les hommes. Chacun, imprégné de son acquis, condamne, juge, et rejette celui qui n’a pas les mêmes imprégnations originelles, celui qui est différent…

De là naissent alors le repli identitaire, le communautarisme et toutes leurs dérives violentes et intolérantes. C’est à partir de là que l’homme oublie que « nous partageons tous la même planète ». Il va condamner l’autre, et faire de la lutte contre ses idéaux qu’il juge mauvais le combat de toute une vie. Chacun veut imposer à l’autre sa croyance, le convertir, l’asservir et le dominer, par peur de ne plus exister, niant ainsi la connexion originelle qui le lie à tous et au Tout. Mais est-il si important au fond que l’autre ait les mêmes idées que moi pour qu’il soit mon ami ? Suis-je obligé de condamner l’autre parce que son point de vue ne correspond pas au mien ? Suis-je obligé de forcer l’autre à penser comme moi pour le laisser exister ?

Vers un ego « solidaire », et non « solitaire »

L’homme est tripartite : un corps, un esprit et une âme. Le corps enveloppe l’esprit, qui lui-même enveloppe l’âme. 

L’une des composantes de l’esprit est l’ego, qui désigne la représentation de la conscience de soi et constitue le fondement de la personnalité. Un ego sain et structuré accompagne l’homme vers l’harmonie, la bienveillance et la paix intérieure. Malheureusement, l’ego est trop souvent écorché ou souffrant. Alors, il étouffe l’expression intime de l’âme, et guide les interventions de l’homme vers des mécanismes de replis sur soi et de peur. Et loin de prendre conscience de son lien avec les autres, l’homme s’en coupe et oublie que « nous partageons tous la même planète ». 

L’ego et ses souffrances enveloppent l’âme, et selon les « couches » plus ou moins épaisses qui le composent, il sera plus ou moins en mesure de l’asphyxier. Alors, la peur remplace l’Amour et les hommes se scindent.

L’ego ne vise que son but, sans se soucier du chemin. Pourtant, sur ce chemin, l’ego va couper les liens de l’homme aux autres, et l’isoler. L’expression de l’être profond lié au Tout, celui qui sait et vit que « nous partageons tous la même planète » est inhibé par un ego narcissique « destructeur de connexions ». L’ego accompagne les actions de chacun vers l’incohérence et l’irresponsabilité, et nie le fait que nous sommes tous liés.

Pourtant, Victor Hugo a écrit : « Rien n’est solitaire, tout est solidaire. »

L’éducation pour apprendre à ouvrir son coeur…

Le monde de demain s’écrit aujourd’hui. Des actions de plus en plus nombreuses menées à travers le monde en faveur de l’éducation montrent que l’homme prend progressivement conscience de l’imbrication très forte qui existe entre la misère du corps et celle de l’esprit. L’illettrisme, par exemple, n’est jamais dissociable de l’assujettissement et de l’avilissement de l’homme à sa culture, à son milieu, ou même aux autres hommes.

Einstein a écrit : « Nous passons quinze ans à l’école et pas une fois, on nous apprend la confiance en soi, la passion, et l’amour qui sont les fondements de la vie. » L’école d’aujourd’hui explique à ses élèves comment se couper des autres. Elle leur impose de travailler seuls, isolés, sans demander ni apporter d’aide à son voisin sous peine de sanction et de jugement. Elle apprend la compétitivité, mais pas le dépassement, elle apprend à être meilleur que les autres mais pas meilleur que soi-même. 

L’école apprend le jugement. Et comme le dit Boris Cyrulnik, « le jugement dissout les liens sociaux ». Une réflexion est menée depuis quelque temps sur les notes qui sanctionnent, et qui devraient être remplacées par des couleurs. Mais quelle est la différence entre une mauvaise note et la couleur rouge ? La signification est la même. L’école cherche à éviter de mettre les élèves en situation d’échec. Mais seul l’échec construit !

Plutôt que de vouloir nier l’échec, et de le juger, plutôt que de condamner l’élève qui n’a pas acquis la connaissance ou la compétence, pourquoi ne pourrions-nous pas le mettre face à son échec, sans le juger, simplement en lui donnant les outils pour qu’il le positive et lui permette de s’enrichir. Alors, l’enfant ne ressentira pas la honte de son échec que lui offre aujourd’hui l’école, honte qui blesse son ego et le coupe des autres. Pourquoi ne pas le mettre face à son échec avec bienveillance, et le lui faire assumer ? Alors il mettra en place des systèmes pour le résoudre, accompagné par ses éducateurs, qui ne devraient être là que pour le guider, non pour le sanctionner… L’élève prendra alors conscience qu’il n’est ni jugé, ni seul, et ses liens vitaux aux autres se renforceront. Il vivra plus que jamais intensément le fait que « nous partageons tous la même planète ».

La laïcité : l’acceptation de toutes les religions

Une autre arme de destructions des liens unissant les jeunes aux autres et au reste du monde, est la laïcité, si chère à nos sociétés contemporaines. 

La laïcité, qui à l’origine scelle une démarche d’acceptation de tous les cultes, observe aujourd’hui l’effet inverse. Au lieu d’unifier, elle divise. Elle nie les religions, veut les étouffer, les condamne, les rejette. Et dans la mesure où la religion signe une partie de l’identité, la laïcité en tant que rejet, aujourd’hui blesse l’ego, l’agresse, d’où toutes ces tensions autour d’elle.

Par le rejet des signes religieux dans les écoles, par la suggestion de ne plus installer de crèches pour les fêtes de Noël, ou encore de renommer les vacances scolaires, l’on enseigne à nos jeunes, au nom de la laïcité, à bannir l’autre et sa différence, à le nier dans sa vérité profonde. On coupe chacun de l’autre, on répudie ses liens à l’autre.

Vers une école de l’Amour

L’école ne devrait-elle pas plutôt enseigner le respect et l’acceptation de la différence ? Ne devrait-elle pas mettre en valeur la richesse de la diversité ? Ne devrait-elle pas renforcer le lien de chacun aux autres au lieu de le couper ?

L’école ne devrait-elle pas être le lieu où l’on guide les jeunes vers la découverte d’eux-mêmes, de ce qu’ils sont fondamentalement, où on mettrait en valeur que l’Amour dont ils sont tous bâtis et le lien qui les unit aux autres est le « fondement même de la vie. » ?         Peut-être qu’un nouvel enseignement devrait mettre l’accent sur le « développement harmonieux » de l’être, cher à Einstein, qui permettrait à chacun de renforcer son lien aux autres et au Tout ? Ne devrions-nous pas arrêter de fermer nos jeunes aux difficultés qu’ils rencontrent, mais plutôt les accompagner dans une démarche de responsabilisation, pour les aider à vivre leurs difficultés, à les assumer et à trouver une aide dans l’autre. Ainsi, ils garderaient à l’esprit constamment que « nous partageons tous la même planète ».

Texte rédigé par Emmanuelle Salesse.

Nos Émotions dans tous leurs états

Les émotions sont l’essence même des êtres sensibles, humains et animaux. Elles nous submergent parfois, elles nous anéantissent ou nous élèvent souvent, mais toujours, elles nous meuvent et nous animent, depuis notre premier jusqu’à notre dernier souffle. Elles sont un langage universel qu’il est important de comprendre, pour cheminer vers son harmonie et vers son humanité.

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Un soir d’automne les yeux grand ouverts

Je me souviens d’un soir d’automne où je me promenais sur les crêtes des Monts du Cantal. Le ciel était or, limpide, pur de la moindre intrusion nébuleuse. Le soleil disparaissait lentement derrière l’horizon. Il teintait les montagnes et les forêts de rouge et de jaune, qui se mêlaient au vert des collines, et sublimait ce décor de sa lumière singulière.

Mon organisme tout entier a témoigné de son émerveillement par des manifestations physiques puissantes : chair de poule, larmes aux yeux, gorge nouée, mains moites, impossibilité de bouger. J’étais profondément émue.

Einstein a dit : « Celui qui n’a jamais connu l’émotion, ses yeux sont fermés ». Ce soir-là, mes yeux étaient grand ouverts, esquissant un subtil chemin vers mon âme…

une composante intrinsèque des êtres sensibles

L’émotion est une composante intrinsèque des êtres sensibles, des animaux humains et non-humains pour reprendre les termes chers à Darwin. Elle pourrait se définir comme « une expérience psychologique complexe et intense, avec un début brutal et une durée relativement brève, de l’état d’esprit d’un individu lié à des stimuli internes et externes ». L’homme, soumis à un contexte particulier, va réagir avec émotion à une situation inattendue et soudaine ; il va être le siège de manifestations psychologiques plus ou moins conscientes, plus ou moins contrôlées, et de stigmates corporels propres aux circonstances et à ce qu’il est.

les deux émotions primaires

Darwin a largement étudié les émotions à travers ses travaux d’éthologue et de naturaliste. Il en définit six, universelles et intemporelles, qu’il a pu observer à travers les âges, à travers les cultures et même à travers les espèces. Il s’agit de la joie, de la peur, de la tristesse, du dégoût, de la colère, de la surprise.

L’une des formes d’expression de l’amour dans son sens le plus large est la joie. L’amour correspond à la connexion à l’autre et au monde qui nous entoure, mais aussi à la connexion de sa conscience à son être profond. Lorsqu’on est dans l’Amour, chaque parcelle de soi est connectée au Tout, et on exprime de la joie.

La peur, quant à elle, est le contraire de l’amour. Elle correspond à une déconnexion de soi avec son essence profonde. Il n’y a plus de lien avec l’autre, ni avec le monde environnant et sécurisant, ce qui engendre une sensation de vide, de solitude et de grande angoisse. L’âme de celui qui a peur se terre au fond de son être et s’enferme dans un isolement déstructurant.

les mélanges subtils d’amour et de peur

L’amour et la peur sont donc des sentiments contraires qui définissent l’être sensible, et qui vont édifier chez lui, tout au long de sa vie, en fonction de sa culture, de sa personnalité, ou encore du contexte, des émotions de différentes natures. Elles sont les deux émotions « primaires » qui, mixées comme les couleurs de l’arc-en-ciel, constituent toutes les teintes du spectre lumineux et vont en se mêlant, peindre toutes les nuances de l’âme.

Les autres émotions décrites par Darwin sont un subtil mélange d’amour et de peur, instillés sur l’individu dans des proportions différentes et perçues par celui-ci selon les caractères intimes qui le définissent, selon sa culture, mais aussi selon les paramètres extérieurs qui l’entourent. La psyché de chacun réagit singulièrement à des stimuli externes, en fonction de ses caractères internes.

la nature universelle des émotions

Charles Darwin explique dans son ouvrage « L’expression des émotions chez l’homme et les animaux » que les émotions ont une nature universelle, et se manifestent par un ensemble d’expressions faciales, de gestuelles et de postures propres à l’émotion exprimée et à l’espèce qui l’exprime.

Ainsi, la colère, la surprise, ou n’importe quelle autre émotion est éprouvée par l’être sensible de façon personnelle et particulière, mais sa forme d’expression présente néanmoins des similitudes, quelle que soit l’ethnie, la culture, ou l’individu. Chaque émotion présente des éléments corrélatifs observables qui la définissent. Le dégout, par exemple, se dessine sur un visage et s’exprime à travers un langage corporel clair et identifiable par le groupe. Il en est de même pour toutes les émotions décrites par le naturaliste.

Les émotions ont donc un caractère universel, comme il a pu les observer et en décrire leurs caractères communs au sein de plusieurs sociétés aux coutumes très diverses, mais aussi au sein d’un large spectre d’espèces animales.

Mais à quoi servent les émotions ?

Le sociologue Goleman s’est alors interrogé sur la fonction des émotions et sur leur utilité au sein du groupe. Il a pu remarquer que l’expression d’une émotion permet à l’autre de connaitre l’état d’âme d’un individu dans une situation donnée. Elle permet ainsi de renseigner le groupe sur la nature des sentiments des uns et des autres, et donc de se positionner au sein de ce groupe, ou de situer l’autre dans un contexte précis.

Cette prise de conscience et cette appréhension de l’état émotionnel des individus contribue à une meilleure adaptabilité de chacun dans la vie communautaire. Chacun apprend à mieux se connaitre, à identifier ses besoins, les besoins de l’autre, et ainsi à les satisfaire au plus près de leurs vérités. Les émotions et leurs différentes formes d’expression permettent ainsi de développer des relations harmonieuses et équilibrées au sein du groupe.

Des études menées par des éthologues et des sociologues montrent que les émotions partagées scellent également des liens précieux et puissants entre les gens. Lors d’expériences traumatisantes comme les attentats ou les catastrophes naturelles, les victimes nouent des relations très fortes entre elles, unies dans leur chair par cette souffrance commune, par ces émotions vives qui raisonnent à l’unisson les unes des autres.

Ainsi, l’expression d’une émotion facilite notre adaptation à l’environnement, notre coexistence et notre survie. Les émotions améliorent donc notre qualité de vie et notre bien-être, à condition bien sûr qu’elles soient conscientisées, acceptées et exprimées.

Ne pas refouler ses émotions

Etymologiquement, « émotion » contient le préfixe « e » qui signifie aller vers l’extérieur, et la racine « motion » qui traduit la notion de mouvement. L’émotion est donc une énergie qui prend naissance à l’intérieur de soi et qui est destinée à en sortir, à être expulsée. Cette énergie provoque des réactions internes vives, comme nous l’avons déjà certainement tous éprouvé, et se diffuse sur notre entourage. 

Pour que nous puissions vivre en harmonie avec nous-mêmes et avec les autres, nous devons donc laisser exprimer nos émotions. Pourtant, notre culture et notre éducation nous réfrènent avec ardeur dans cet exercice. Combien de fois n’avons-nous pas entendu, lu, appris qu’il ne faut pas pleurer, qu’il ne faut pas avoir peur, qu’il ne faut pas rougir ? Pourquoi cela ?

Parce que l’illusion est élégante ? Parce que le déni nous rend plus fort ? Parce que l’absence d’affect est une forteresse invincible qui nous protège ?

Je ne le crois pas.

Les grandes figures de ce monde, les dirigeants des grandes nations, des grandes entreprises, ne nous laissent jamais entrevoir leurs émotions. Comme s’ils avaient peur de se mettre à nu, de se dévoiler et ainsi de révéler leur faiblesse. Ils ont appris qu’être digne signifiait de rien laisser échapper d’eux-mêmes. Mais est-ce vraiment cela la dignité ?

Là encore, je ne le crois pas. Être digne ne serait-il pas plutôt être soi-même, profondément ? Cette puissante énergie émotionnelle qui nait de nos entrailles, qui nous parle et vibre en nous, ne doit donc pas être niée ; elle doit être évacuée, excrétée de notre corps.

la Maladie ou le « mal-a-dit »

Lavoisier a dit : « Dans l’univers, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Si cette énergie reste dans notre organisme, si elle n’est pas exprimée, elle va alors s’amasser, s’accumuler dans nos organes, se transformer et en altérer le bon fonctionnement. Si cette énergie stagne en nous, elle va devenir négative, nocive et génératrice de troubles profonds. Ainsi, à terme, un organe qui va stocker ce type d’énergie néfaste va se mettre à dysfonctionner et à exprimer une maladie. 

N’oublions pas que le « mal-a-dit ». 

Des émotions refoulées, contenues, niées se traduisent par des maux spécifiques relatifs à l’organe récepteur de cette émotion. Par exemple, la peur non exprimée va s’accumuler dans les reins, la colère étouffée va charger le foie en mauvaise énergie, l’inquiétude chronique va affecter l’estomac. 

D’ailleurs, de nombreuses expressions consacrées énoncent clairement ces dommages. Nous entendons souvent dire « j’en ai plein de dos » lorsque des lombalgies chroniques traduisent un sentiment d’impuissance à porter tout le poids de sa vie ; ou encore « tu me pompes l’air » lorsque l’appareil respiratoire dysfonctionne, englouti sous la sensation de manque de liberté ou d’oppression. Nous pouvons aussi avoir des genoux fragilisés lorsque le « je » ne parvient pas à s’harmoniser avec le « nous », (je-nous) lorsque nous avons du mal à trouver notre juste place parmi les autres.

Il est donc important pour chacun de laisser s’exprimer ses émotions. Pourtant, nous essayons toujours avec ardeur de nous délester de notre colère lorsqu’elle nous submerge, de notre jalousie, de notre dégoût, et de toutes les émotions « négatives » qui affleurent à notre conscience.

la Magie ou « l’âme-agit »

Jean-Paul Sartre a écrit : « Nous appellerons émotion une chute brusque de la conscience dans le magique ». Le philosophe parle de magie pour désigner notre âme. En effet, la magie opère lorsque « l’âme-agit ». 

L’émotion serait alors un message, une réponse brutale, parvenue à notre conscience, que nous enverrait notre âme, notre part divine connectée à notre vérité, mais que notre culture, notre morale, notre ego nous masquent.

Les émotions sont la voix de notre âme qui parle à notre conscience, lui indiquant ce qui est bon pour nous (et exprime la joie) ou ce qui ne l’est pas (et nous procure peur, dégout, colère etc…). Elles permettent à notre esprit, à notre mental trop souvent coupé de notre essence profonde, de cheminer vers notre secret, vers notre substantifique moëlle.

Les émotions sont les messagères de notre conscience. Elles nous informent sur la perception qu’en a notre monde intérieur du monde qui nous entoure. Ainsi, écouter nos émotions, les comprendre, les accepter semble indispensable pour cheminer vers notre vérité. Elles tracent un chemin vers notre âme, vers notre « magie ».

Gérer les émotions négatives

Mais accepter nos émotions, nos passions, ne signifie pas ne pas les vaincre. Notre colère, notre tristesse, notre mépris pourront être vaincus lorsqu’on les aura entendus, analysés, compris, et que l’on pourra ainsi les évacuer de façon juste et bienveillante.

Accepter une émotion telle que la colère, le mépris, le dégout, ne veut pas dire la laisser s’exprimer librement, anarchiquement, en bafouant l’autre dans son intégrité. Il n’est pas question de nier l’autre dans cette expérience. Extérioriser une émotion vive, l’exprimer avec justesse, est une tâche laborieuse et difficile qui doit être menée avec bienveillance envers soi-même et envers les autres.

En route Sur le chemin de vos émotions !

Chacun, selon ses besoins intimes, selon ce qui l’anime et le nourrit, peut trouver, par la parole, par l’expression artistique, par le sport, par le rire, ou par un tout autre moyen, celui qui est le plus proche de lui pour évacuer ses émotions, et s’approprier ainsi pleinement l’incommensurable message qu’elles lui livrent.

Texte rédigé par Emmanuelle Salesse.

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