Bientôt s’achève le « confinement » sur la planète. Cinq, quatre, trois, deux, un… C’est parti ! Demain sera-t-il un monde nouveau ou pas ?
Nous avons constaté la fragilité d’une politique néolibérale qui a entraîné la chute de l’économie mondiale. Un monde bâti sur la richesse, le profit, l’exploitation de l’homme, mais aussi sur l’éthique.
Oui, l’économie mondiale a mis le genou à terre pour une question de choix, car c’est bien cela le début de cette crise. Non pas un virus de 0,1 micron arrivé sur la planète en pointant d’un doigt menaçant les personnes qu’il allait infecter, mais le choix qu’il fallait faire pour sauver l’humanité.
Deux options : protéger immédiatement les faibles et mettre à terre l’économie mondiale pour une période indéterminée, ou bien prendre le temps d’étudier une autre option. Le temps, il n’y en a pas ! La pandémie avance comme un raz-de-marée. Le dilemme est cornélien : d’un côté des personnes âgées et fragiles, de l’autre des actifs jeunes et vaillants. Il faut trancher.
Au vu de tant de méconnaissances sur le virus et les moyens de le combattre, le verdict est prononcé pour tous nos gouvernants : protéger l’humanité. On trouverait des solutions pour régler les dégâts collatéraux « après ». Le couperet est tombé, on a confiné la population de la planète. On a mis au tapis des entrepreneurs, des salariés, des familles.
La note sera lourde pour certains, pas pour tous, car pour d’autres une manne inespérée ouvre ses portes. Comme au temps de la peste ou du choléra, on a parqué la population, supprimé les libertés comme celles de circuler, de voyager, d’acheter ce qui n’est pas un besoin de base…
La moitié de la planète a confiné, apeurée, inquiète et informée par différentes catégories d’experts eux-mêmes tourmentés par des querelles intrinsèques pour des notions de profits, d’intérêts, de lois et de responsabilités.
Avaient-ils un autre choix à faire à ce moment-là ? Pas sûr ! En plein naufrage, le capitaine sauve les vies et non le navire.
Un film en noir et blanc au bruit sourd commençait. Mais à l’image d’un artiste qui aurait voulu rajouter des touches de couleurs, la nature s’est réveillée. Les coquelicots ont retrouvé leur rouge éclatant, l’herbe est plus verte, on redécouvre les prairies. Les oiseaux chantent à tue-tête, et même les insectes reprennent possession de leur territoire. Les villes sont redevenues des parcs, et les biches, les cerfs et quelquefois les sangliers se sont emparés de nouveaux espaces.
L’être humain n’est pas éternel, avec ou sans nous, la planète continuera son chemin. Quand nous arrêtons de la blesser, elle offre ce qu’elle a de plus beau : des couleurs, de la musique et de la vie.
Que ferons-nous de cet élan de solidarité qui s’est créé entre les citoyens ? La population avait oublié, au quotidien, ce qu’était le partage. Enfermée, elle retrouve l’écoute, la disponibilité. On parle, on s’entraide, on s’occupe de nos aînés, de nos enfants, de nos voisins, on applaudit ceux qui nous soignent et nous nourrissent.
Quelle leçon de vie ! On savoure l’instant présent sans penser à demain qu’on ignore, on se délecte de toutes ces merveilles que l’on sait fugaces ou illusoires, car tout peut recommencer… À courir après « le toujours plus », on en avait oublié « l’essentiel » : il aura fallu ce virus de 0,1 micron pour nous le rappeler. Le paradoxe de la dangerosité de l’infiniment petit pour l’espèce humaine.
Alors demain, que sera demain ? Demain…, peut-être hier ?
Aujourd’hui, une pause dans le temps comme une parenthèse, une oasis, un message du mieux-être, une fenêtre vers un autre monde.
Demain, peut-être un début ? Un premier pas vers l’espoir d’un monde meilleur. La planète nous a donné un avertissement mais elle a aussi souri, elle nous a fait un clin d’œil. Demain, il faudra penser différemment afin de ne pas raconter à nos petits-enfants : « un jour, vous savez, il y avait des fleurs dans les prairies, des poissons dans la mer et on entendait aussi les oiseaux gazouiller ».
Demain, que choisirons-nous ?
Texte rédigé par Hélène Bringaud